Témoignages présidents de l'AFAE

2004-2007 : Présidence d’Alain Warzée

2004-2007 : Présidence d’Alain Warzée

Alain WARZEE : témoignage

 

 

Lors d’une réflexion menée en 2007 sous l’égide d’Alain Bouvier sur l’identité, les valeurs et les objectifs de l’AFAE, Alain Warzee s’était prononcé sur des questions dont certaines sont toujours vives au sein de l’association. Il nous a paru intéressant de reprendre ici des extraits de ces déclarations, pour enrichir un débat dont les réponses sont appelées à évoluer en fonction des contextes, dans une véritable démarche de projet.

 

 

[Autre] question […] : celle de l’élargissement à de nouveaux publics

 

Deux sous-questions : lesquels, et comment ?

La question de l’élargissement aux enseignants me semble réglée : c’est peut-être dommage, mais il faut valider et admettre le fait que nous sommes une association, pour les trois-quarts de ses membres, de personnels de direction, et que l’angle pédagogique ou le point de vue des disciplines et des didactiques ne fait guère recette parmi nos adhérents. Nous avions essayé, le temps d’un colloque (2005) consacré, pour le dire vite, à l’articulation, au sein des établissements entre « culture administrative » et « culture pédagogique » d’accueillir dans la table ronde et les ateliers (à titre de personnes ressources) d’assez nombreux enseignants – de qualité, d’ailleurs, et appréciés des participants ; nous avions fait également entrer au C.A, cette année-là, une jeune et dynamique enseignante de l’académie de Rennes… Las, le « greffon » n’a pas pris, et j’en ai pris mon parti : je pense que les préoccupations de nos lecteurs et adhérents ne sont pas celles qui pourraient retenir l’attention des enseignants, et que, de surcroît, l’angle pédagogique n’est pas forcément celui qui séduit a priori notre public : souvenons-nous du « bide » que tel numéro de la revue consacré à un thème pédagogique (l’enseignement des langues, pour ne pas le nommer) a pu  connaître…

Bref, s’il faut élargir l’audience de notre association – et je crois que c’est très souhaitable, et tout à fait possible –, c’est plutôt

  • en direction d’une part, de nos personnels d’encadrement qu’il conviendrait de faire un effort ; il est dommage par exemple que nous ne comptions pas dans nos rangs davantage d’IA-DSDEN, d’IA-IPR – au moins de spécialité « Établissements et vie scolaire » – et d’IEN : compte tenu des évolutions thématiques de fond évoquées plus haut, ils devraient être au premier rang de nos priorités ;
  • et en direction, d’autre part, de « nouveaux publics », personnels d’encadrement relevant des collectivités territoriales, d’abord, mais aussi de l’enseignement privé, de l’enseignement agricole, etc.

 

Comment ? Les deux modalités les plus directes et les plus efficaces sont sans doute les « Journées » ou actions académiques, et les colloques organisés en Région (exemples de Lyon, Caen, Rennes, Bordeaux, etc.). Reste ensuite à fidéliser nos nouveaux adhérents, ce qui est une vraie question : le « désherbage » annuel est de l’ordre de 250 /280 adhésions non renouvelées – pour la plupart compensées par de nouveaux abonnements, ce qui nous maintient depuis 5 ou 6 ans à un étiage de 1400 adhérents/abonnés.

 

Mais d’autres modalités, liées à l’utilisation des technologies de l’information, sont à essayer : nouveaux types d’information et de publicité, liens plus réguliers et personnalisés entre les adhérents et l’association, mise en ligne du SEF et d’articles de la revue, accès de la revue proposé à de nouveaux publics grâce à une plateforme informatisée (université de Poitiers), etc. Les groupes de travail récemment mis en place se pencheront sans doute sur ces opportunités nouvelles.

Je crois en tout cas que le passage au numérique devrait permettre à l’association de trouver de nouvelles réponses aux questions posées plus haut : qui et comment ?

 

 

Un mot sur la revue

 

            Il faut tout d’abord saluer le travail et l’engagement des rédacteurs en chef, qui ont depuis près de 20 ans maintenu le haut niveau de qualité de notre revue ; c’est celle-ci qui a constitué le principal élément de référence pour l’association, et l’outil essentiel de fidélisation de nos adhérents/abonnés. Le niveau et le rythme de publication impliquent un très gros travail, qu’il faut sans doute mieux partager. J’ai toujours pensé, d’autre part, que les numéros de ces dernières années étaient trop importants (et j’ai eu à ce sujet, d’amicales discussions avec notre cher Guy-Roger !!) : avoisinant parfois les 200 pages, et toujours d’une très haute tenue, mais ne laissant peut-être plus une place suffisante aux analyses de terrain, témoignages ou comptes rendus d’expériences proposés par les chefs d’établissement, ils sont peut-être d’une lecture trop lourde et exigeante pour certains de nos adhérents : je ne cherche surtout pas à critiquer quiconque, loin de là, mais à suggérer des raisons au déficit des 250 désabonnements annuels.

[Les…] chefs d’établissements apprécient de se voir proposer, régulièrement, des occasions de « relever la tête du guidon », de prendre le temps d’une lecture intelligente ; certains articles les sortent des tâches ou des tracas quotidiens, en tout cas peuvent leur donner un sens nouveau. Mais peut-être n’ont-ils pas le temps ni l’envie de s’absorber dans des lectures trop longues ou astreignantes : chaque dossier, si riche soit-il, ne devrait pas être traité par plus de 8 à 10 articles ; gardons la qualité, respectons le délicat équilibre tripartite qui définit la ligne éditoriale de notre revue (entre les contributions des universitaires et chercheurs, les voix « autorisées » ou institutionnelles, et les analyses et témoignages de terrain), mais essayons d’alléger un peu nos numéros trimestriels ; je crois d’ailleurs qu’Alain[1] a engagé des réflexions sur ce point.

 

 

Un dernier et rapide petit mot sur l’International

 

Nous faisons partie du Forum européen, dont l’association est d’ailleurs cofondatrice, et je suis persuadé que l’ouverture sur les comparaisons internationales, les politiques européennes en éducation, les évaluations OCDE, etc., intéressent nos adhérents et font d’ailleurs de plus en plus partie de leur culture professionnelle : je suis frappé de voir, dans les académies, les programmes d’ouverture européenne des politiques académiques, et l’écho que les projets COMENIUS, SOCRATES ou autres suscitent au sein de nombreux établissements.

Donc l’ouverture internationale en éducation est manifestement un thème porteur, et devrait être un sujet d’intérêt tout particulier pour une association comme la nôtre. J’en étais déjà persuadé il y a plus de trois ans, quand je suis devenu président de l’AFAE ; je me disais que l’international pouvait être un levier d’ouverture et de développement de l’association, et qu’une action dynamique au sein du Forum[2] permettrait d’avancer sur ce thème. Je ne reviens pas sur ce que nous avons essayé, et modérément réussi : sur l’absence de tout « retour » de la part du Forum, sur le relatif échec, également, du numéro de la revue consacré à « L’Europe de l’éducation et de la formation », etc.

Bref, nous avons « formellement » maintenu nos relations avec le Forum : nous payons nos cotisations, Hélène Perrier[3] a été nommée trésorière du Steering comittee[4] et tient les comptes du Forum, nous avons reçu les réunions annuelles du Bureau, etc., mais mise à part la présence de quelques membres de l’association aux visites bisannuelles (comme celle qu’avait – fort bien – organisée l’Espagne, il y a deux ans), on ne peut pas dire qu’il y ait eu un travail commun, ni que l’association ait retiré quoi que ce soit de sa participation au Forum européen pendant les trois années de ma présidence… Mea culpa aussi, certainement.

Je pense que la thématique de l’ouverture européenne et internationale est incontournable, désormais, que nous ne pouvons plus raisonner « en interne » sur la majorité des questions d’éducation posées actuellement ; mais cette question doit être traitée ailleurs et autrement qu’au Forum, avec d’autres acteurs, d’autres sources, d’autres partenaires. Le type de « relations » promu par un organisme participatif comme le Forum a sans doute fait son temps : il faut trouver des formes de travail ou des actions nouvelles et plus dynamiques.

Le Forum vient d’élire un nouveau président, dont les projets paraissent essentiellement bilatéraux, et germanophones : il est peut-être grand temps de suspendre une « coopération » dont nous ne retirerons vraisemblablement pas grand-chose, et de voir ailleurs, de se tourner vers d’autres partenaires et d’autres formes de travail (les actions régionales « transfrontalières » par exemple ?).

 

 

 

Alain WARZEE,

le 23/11/2007

 

[1] Alain Bouvier

[2] Le Forum européen de l’éducation : cf. les nombreuses contributions sur le sujet dans le n° 90 de la revue (2001/2), et en particulier l’article d’André Lafond, qui fait le point sur l’histoire, les activités et les objectifs du Forum

[3] Enseignante qui fut secrétaire de l’AFAE en 2004-2005.

[4] Le comité de pilotage du Forum européen

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