Qu’est-ce en définitive que réussir à l’école ? Un élève réussit-il quand il a de bons résultats ? Quand il décroche des diplômes ? Quand il choisit des filières et des établissements valorisés ? Quand il s’insère avec succès dans le monde professionnel ? Quand il a les compétences requises pour faire évoluer sa carrière professionnelle tout au long de sa vie ?
Qu’est-ce qu’un établissement performant ? Un établissement où les élèves s’épanouissent, se forment à la citoyenneté et aux exigences de la vie collective ? Où les élèves réussissent aux examens ? Mais est-ce la même chose de voir ses élèves réussir, lorsqu’on les a, d’une manière ou d’une autre, sélectionnés parmi les meilleurs ou lorsqu’on les accueille en fonction de la carte scolaire ? La réussite des élèves est-elle le seul élément de performance d’un établissement ? La performance d’un établissement est-elle une condition de la réussite des élèves ?
La réussite comme la performance sont, actuellement, des impératifs indiscutables – et de ce fait, trop peu discutés – qui s’imposent aux personnes comme aux structures, à tous les niveaux de nos sociétés. L’enjeu du débat est de remettre de la pluralité dans le questionnement, de la discussion dans le diktat. Ce qui importe ici est le pluriel : il n’y a pas une mais des réussites, pas une mais des performances, comme il ne peut être question que des élèves et des établissements.
Il faut pour aborder ce sujet croiser les approches, multiplier les perspectives. Comment évoluent les mesures de compétences ? Comment la continuité ou les discontinuités du système éducatif influent-elles sur la réussite des élèves ? Comment un établissement contribue-t-il à la réussite de ses élèves : par la création d’un « climat » favorable ? Par le leadership d’un chef d’établissement ? Par les marges de manœuvre, en terme d’innovation pédagogique, par exemple, que lui offre son autonomie ? En quoi l’inscription de l’établissement dans un paysage partenarial et un réseau social contribue-t-elle à sa performance et à la réussite des élèves ? Comment analyser les écarts de performances entre établissements ? Comment définir les indicateurs de performances ? La LOLF changera-t-elle la nature de cette performance et les outils qui la mesurent ? Comment situer l’établissement par rapport aux attentes de résultats de la tutelle académique et des collectivités territoriales ? La réussite des élèves étant au cœur du projet éducatif, aussi bien au niveau individuel que collectif, tout ce qui peut être mis en œuvre pour la favoriser doit être questionné.
Ce XXIXe colloque national de l’AFAE sera une nouvelle fois l’occasion de susciter le débat autour de questions qui sont au cœur des objectifs de l’École et de chacun de ses acteurs et partenaires. Les voix diverses qui se feront entendre – élèves, parents d’élèves, chefs d’établissements, inspecteurs, cadres du Ministère de l’Éducation nationale, ou des collectivités territoriales, chercheurs, responsables associatifs – permettront d’aborder le thème dans toute sa richesse et sa complexité, par des conférences, tables rondes, ateliers et regards croisés, en ayant à cœur d’œuvrer à rendre plus efficace le service public d’éducation, condition de réussite des élèves.
Alain Warzée, Président de l’AFAE, Inspecteur général de l’Éducation nationale