Sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts
N° 181 – La francophonie en éducation : promesse d’avenir ou fausse question ?
Numéro coordonné par Jean-Christophe DEBERRE, Ancien directeur général de la Mission laïque française (MLF) et de l’Office scolaire et universitaire international (OSUI). Avec le concours de Jean-François CHANET, Historien, ancien recteur, professeur des universités
Le dossier du numéro 181 de la revue de l’AFAE (les “Acteurs de l’éducation“) est consacré au sujet délicat de la francophonie, à partir des analyses de nombreux contributeurs français et étrangers, de plusieurs pays et plusieurs continents.
Leurs analyses peuvent surprendre et troubler, elles sont dans tous les cas inspirantes. Les données factuelles y sont déjà pleines de surprises : on apprend par exemple que la ville qui va très bientôt, pour des raisons démographiques, compter le plus grand nombre de francophones au monde est Kinshasa ; qu’au Maroc, dont les langues officielles sont l’arabe et l’amazighe, le français, en tant que composante historique de la carte linguistique reste utilisé pour développer une coopération économique, culturelle et politique avec l’Afrique subsaharienne francophone, etc.
Le numéro donne avant tout des clés de compréhension et d’ouverture sur la place dans le monde d’une langue, le français, d’un modèle d’enseignement, et plus largement sur l’efficacité d’un modèle culturel, qui continue d’entretenir des liens avec une forme de roman national dans « la francophonie d’ici », et reste intimement lié à des souvenirs amers de la colonisation chez nombre de « francophones d’ailleurs ».
La parole des contributeurs projette de fait un éclairage cru sur la défiance de nombreux pays vis-à-vis d’une certaine forme de laïcité, ou sur l’image d’une langue considérée comme celle des élites. Elle conduira de nombreux lecteurs à s’interroger sur l’adaptation à des contextes très variés de nos pratiques nationales monolingues et fortement normées, et à s’intéresser, entre autres, à l’expérience menée dans douze pays d’Afrique francophone, avec l’aide de France Éducation international, afin de former les enseignants à la contextualisation d’outils à adapter à la diversité des publics, et à l’identification de méthodes qui seraient des entraves aux apprentissages. De nombreuses autres questions sont abordées, comme celle de la construction identitaire et de la réussite éducative au Canada ou en Guyane, entre autres.
Ces analyses à plusieurs voix « nous tendent un miroir à deux faces » et « nous permettent de décentrer et ajuster notre regard sur notre propre culture, au travers du regard des autres » (J.-F. Chanet, J.-C. Deberre). Elles nous font aussi découvrir que l’opposition entre littérature française et littérature dite francophone est délétère, en ce qu’elle induit implicitement comme échelle de valeur. Or, écrit Souleymane Bachir Diagne, « l’avenir du français est en Afrique. […] Que le continent cesse d’être francophone et la langue française ne sera plus qu’un petit idiome ».
« Repentance mal placée ? Parlons plutôt de re-pensance », écrit J.-C. Deberre, pour « réinvestir le sens profond de ce qu’on appelle francophonie […]. Il y va de son avenir, il n’est pas trop tard. »
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